dimanche 5 avril 2015

L’essor du e-commerce reflèterait-il les nouveaux maux de notre société?


L’essor du e-commerce reflèterait-il les nouveaux maux de notre société?

Les mérites du e-commerce sont vantés partout : achats simples et rapides sans avoir besoin de sortir de chez soi, un choix de produits absolument incroyable qu’il serait impossible d’avoir avec le commerce traditionnel,... La crainte des paiements sur internet qui habitait, il y a quelques années les consommateurs, est elle aussi en train de disparaître grâce à l’apparition de moyens de paiements sûrs comme le système 3D-secure.
L’essor du e-commerce est incontestable : en 2013, dans des pays comme le Canada ou la France, 60% des adultes ont effectué des achats sur le Web.
L’essor du e-commerce a bien évidemment des conséquences positives  que ce soit pour les consommateurs ou pour l’économie (marché plus transparent,...) mais il s’inscrit également dans une logique actuelle de notre société dont les aspects sont beaucoup moins reluisants.

Une société de consommation

Le e-commerce n’est ni plus ni moins que l’introduction de la consommation à l’intérieur du foyer. Avant l’apparition du e-commerce, le fait que le magasinage prenne du temps, qu’il faille se déplacer pour effectuer ses achats, la matérialité de l’argent dépensé, ... constituaient des freins naturels à la consommation. De plus, les sites de magasinage en ligne utilisent très fréquemment des promotions, favorisant encore plus la consommation.
Le e-commerce encourage les gens à consommer, ce qui renforce, bien évidemment, la vision de notre société en tant que société de consommation.

Une société individualiste

Pour Alexis De Tocqueville, philosophe et écrivain français, « L'individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart avec sa famille et ses amis; de telle sorte que, après s'être ainsi créé́ une petite société́ à son usage, il abandonne volontiers la grande société́ à elle-même. » [1]
À la lecture de ces quelques mots, l’essor du e-commerce participe à cette sensation d’une société de plus en plus individualiste. Tout d’abord, contrairement au magasinage traditionnel qui se fait souvent entre amis, le magasinage en ligne se fait la plupart du temps seul.
Cet aspect du magasinage en ligne s’inscrit donc dans ce phénomène de désocialisation des individus avec l’usage de plus en plus important d’internet et des objets connectés : lorsque l’on prend les transports en commun, ou même lors de soirées entre amis, il n’est pas rare de voir tout le monde concentré sur son écran de téléphone portable, coupé de tout lien avec l’environnement qu’il l’entoure.
Il est également fréquent pour des adultes de passer de nombreuses heures voire même des soirées à regarder toutes les promotions disponibles sur des sites d’achat en ligne comme E-Bay,Amazon, Ventes Privées.com,...
Le phénomène de recherche du meilleur prix à tout prix, qui est un des avantages principaux du e-commerce, s’insère également dans la logique du dogme de la performance, logique qui gouverne désormais la société moderne. « Or le dogme de la performance entretient le culte de la réussite individuelle, poussant l’individu à élaborer des stratégies d’actions individuelles pour se distinguer dans un milieu concurrentiel » [1]
De plus, le développement du tout internet exclut une partie des individus : certaines personnes ne sont pas à l’aise avec internet, certaines familles n’ont pas les moyens financiers pour se permettre d’acheter un ordinateur, smartphone,... Dans ce dernier cas, le système est d’ailleurs malheureusement assez ironique : les familles peu aisées ne peuvent pas forcément accéder au e-commerce alors que ce dernier permet sans doute de faire les meilleures affaires pour ses achats...

Une société désirant tout instantanément

Une des caractéristiques de notre société actuelle est la rapidité avec laquelle les choses se font et l’incapacité croissante des individus à attendre : les résultats doivent tout le temps être instantanément visibles. Quand on sait qu’un des avantages régulièrement avancés par les consommateurs à propos du e-commerce est le gain de temps, le e-commerce reflète,là encore, une tendance de la société actuelle.

Le développement de plus en plus marqué de maladies liées à l’utilisation excessive de l’ordinateur

En raison de l’utilisation excessive de l’ordinateur des symptômes sont devenus courants :
-       Une fatigue visuelle importante après de longues heures passées devant les écrans. Une étude menée de 1986 à 1990 a révélé que 6 salariés sur 10 travaillant sur écran ressentaient des gênes oculo-visuelles (contre 4 sur 10 chez les autres salariés) [2]
-       Des troubles musculosquelettiques (TMS) : La posture statique devant l’écran n’est souvent pas idéale. Ainsi, de nombreuses personnes souffrent de maux de dos. L’utilisation très fréquente de nos doigts serait également la source de légers troubles pour ces membres.
-       Mentionné un peu plus haut, le phénomène de la cyberdépendance est devenu un véritable sujet de société : 8% des lycéens japonais seraient, à titre d’exemple, atteints. Les conséquences les plus fréquentes de la cyberdépendance, en fonction des individus, sont : maux de tête, alimentation irrégulière, dépression, isolement,  incapacité à vivre en société, chômage, ... Ce phénomène peut donc avoir des conséquences très néfastes auxquelles il faut prêter attention.


Si bien évidemment, le e-commerce n’est pas le responsable de tous ces maux décrits, il en est, sans doute, un très bon reflet. Un retour en arrière n’étant pas imaginable, il convient sans doute seulement d’être conscient de tous ces phénomènes et d’essayer d’y faire attention.  La sensibilisation des enfants et des adolescents vis à vis de l’exclusion sociale devrait peut être apparaître à l’école. Par ailleurs, l’argent n’étant pas visible, certaines personnes ne se rendent plus compte de leur dépenses et il faudrait peut être mettre à disposition des consommateurs des outils qui leur permettent de mieux gérer leur argent.


Bibliographie :